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Un bénéficiaire interviewé

01 Avril 2012

A l'occasion du 10ème anniversaire de la charte Ville-Handicap, Bourg-la-Reine magazine du mois de mars a donné la parole à l'un de nos bénéficiaire : Alain Belleguic. Ce réginaburgien de 50 ans est standardiste dans un ministère. C'est aussi un grand sportif. Comme il aime le dire, il est aveugle et vivant.

Alain Belleguic " Je suis aveugle et vivant "

Propos recueillis par Dorothée Danloue.

 

Question. Alain, que faut-il dire, personne aveugle, personne non voyante, personne handicapée ?

Alain. Moi j’utilise le mot « aveugle ». Je suis aveugle ! Même si c’est à la mode de dire « non-voyant ». J’ai attendu 32 ans pour être aveugle, c’est dû à une maladie congénitale, un glaucome congénital. J’étais menuisier avant, en Bretagne. Je suis arrivé en région parisienne il y a dix ans et j’ai dû tout recommencer : ma vie sociale, familiale et professionnelle.


Q. Dans le dictionnaire, le mot handicap est synonyme d’obstacle. Est-ce ainsi que vous le vivez, quotidiennement ?

A. Non. Maintenant je n’y pense plus, à mon handicap. Quand j’ai besoin d’aller quelque part j’y vais ! Pour aller travailler, je mets 1 h en transport, matin et soir ! On apprend chaque jour à vivre, à se débrouiller. Bon, il y a encore des quartiers à aménager pour faciliter nos déplacements… C’est sûr, quand il y a des poubelles au milieu des trottoirs, c’est difficile (sourire).


Q. Qu’est ce que chacun peut faire, à son échelle, pour vous faciliter la vie ?

A. À Bourg-la-Reine, ça se passe très bien ! Dans la rue, il y a toujours quelqu’un qui veut savoir si j’ai besoin d’aide pour traverser. Le plus dur, c’est pour ceux qui voient mal et qui ne veulent pas avoir de canne dans la main. Je ne sais pas si les choses peuvent changer, si les riverains
peuvent penser à nous lorsqu’ils garent leurs deux roues sur le trottoir ou lorsqu’ils sortent leurs poubelles. Il faut sensibiliser, c’est certain.


Q. Faudrait-il, par exemple, apprendre aux plus jeunes à vivre avec les personnes handicapées ?

A. Oui ! Nous sommes comme les autres. Cela viendra peut-être avec l’intégration des non-voyants à l’école. Il arrive que les « bons-voyants » n’osent pas, ne savent pas comment nous aider à traverser par exemple. Ces gestes pourraient faire partie de l’enseignement. Dans la rue, le mieux c’est de demander, discrètement, si la personne a besoin d’aide pour traverser, par exemple.


Q. Selon vous, dans quelle mesure la Ville de Bourg-la-Reine peut-elle faciliter le quotidien des personnes handicapées ?

A. En terme de transports, il faudrait s’assurer que la synthèse vocale soit effective systématiquement. Je pense aussi à un meilleur service d’accompagnement : aider les personnes handicapées dans leur vie de tous les jours - aller chez le médecin, à la mairie, à remplir des papiers, etc. Moi, je suis venu tout seul au CCAS (Centre communal d’action sociale) de la ville. Je me souviens avoir demandé, dans la rue, à quelqu’un de m’accompagner. Mais chaque handicap est différent et le caractère joue beaucoup. Certains ont besoin normalement…


Q. Et vous, que faites-vous, pour vivre normalement ?

A. Du sport ! Je pratique le sport en salle, le jogging mais surtout le tandem ! Je fais 8000 km par an. Je partage ces moments en équipe grâce à une association. Les pilotes sont tous bons-voyants – heureusement – (sourire). Et il y a des non-voyants ou des mal-voyants. En 2003, j’ai fait
Paris/Saint-Pétersbourg en 21 jours !